La fonction de la photographie est, presque toujours, de
nous vendre quelque chose : une personne, un produit, un objet, un style
de vie, un discours, une idéologie, une idée…
Principal instrument du règne implacable de l’illusion
consumériste, c’est un médium d’une grande force persuasive, qui tient sa
puissance manipulatrice, pour une grande part, de sa crédibilité vériste.
Parfaitement informés de cet état de choses, les
photographes qui ne sont pas, eux-mêmes, éblouis par leur propre parade,
peuvent-ils prétendre à l’honnêteté ? Quel rôle peuvent-ils jouer dans
l’éveil des consciences ?
Ces questions, qui me taraudent depuis mes débuts, m’ont
conduit à chercher une forme d’ « écologie du regard ». Une
probité du point de vue qui contredirait la passion de notre époque pour
l’outrance et l’artifice, en privilégiant le ressenti subjectif du moment vécu.
Toute rencontre ou situation apparaît, dès lors, comme une opportunité de vivre
et transcrire une expérience neuve et imprévisible.
Nulle nécessité de se plier à une mascarade mensongère dont
la toxicité n’est plus à prouver. Se respecter, en valorisant une subtile et
secrète beauté du monde.
S’accorder le privilège de perpétuer la joie profonde de
regarder et partager ce qu’il me plait de voir. Telle est ma radicalité.
HR