14/10/2013

PHOTO. Give me the Vibe

Il existe une vibration, une fréquence propre à certaines oeuvres photographiques. Disons plutôt que le travail de certains photographes rend compte de phénomènes vibratoires se manifestant au cours de leurs vies.
De quoi s’agit-il ?
Surement pas de style ou de technique. Pas plus que de concept, ni d’aucun des moyens enseignés pour apprendre à produire du spectacle.
Cette vibration serait plus proche de ce que les jazzmen des années bebop nommaient le it.
Ce petit « autre chose », aussi essentiel qu’indéfinissable, capable de faire la différence. Cette onde sublime qui peut élever une improvisation à un niveau supérieur d’harmonie. Lorsqu’elle advient, une connivence mystérieuse, un accord sensible alerte les musiciens qu’ils ont atteint l’olympe de l’inspiration, qu’ils y sont enfin, qu’ils tiennent le it.
Le it se situe au delà de ce qui peut être cerné, ou reproduit par les moyens du marketing, car il n’émerge que par la voie d’une émulation créatrice singulière.
Ce phénomène vous possède à partir d’un point que Vladimir Nabokov situait dans la région de la moelle épinière, et vous transporte vers d'autres dimensions. Il résiste aux époques, aux modes et aux catégories, car il dépasse largement leurs champs.
C’est une essence, une manifestation énergétique de ce que les mystiques attribuent à l’au-delà, la substance même de ce qui distingue les créations les plus puissantes et les rend si uniques. Nombre d’artistes lui ont voué leur existence, se sont damnés pour elle.

Parmi l’infini foisonnement d’images de toutes natures qui circulent à flux continu devant nos regards saturés, je ne cesse de chercher cette petite flamme, cette lueur qui éclaire le talent qui me touche. Mais elle est aussi rare que précieuse.
Je la retrouve, parfois, dans d’improbables recoins, si éloignés du devant de la scène que personne, ou presque, ne peut l’y voir.
D’autant qu’évidemment, elle ne contient aucune des postures, gimmicks ou formules préfabriquées qui tiennent lieu de passeports pour accrocher l’attention dispersée du public. 
Cette force occulte n’agit malheureusement que sur un nombre limité d’élus, leur offrant une fenêtre vers de subtiles perspectives extrasensorielles.

Trop rares sont les images magiques.

HR