Cela fait un moment, déjà, que je me suis écarté
de la mode.
Après plusieurs années à tenter de m’adapter à
cet univers auquel je n’ai jamais pleinement adhéré, j’ai décidé de m'en tenir à sa marge.
Pourtant, les stigmates de cette expérience
continuent de hanter l'ensemble de mon travail. Les magazines et leurs obsessions, les photos
de modèles, de célébrités, les vêtements et accessoires, sans cesse renouvelés, le faste des
intérieurs luxueux ou l’extravagance d’une industrie culturelle vouée à l’excès,
ont évidemment leur raison d’être. Plus inquiétante est la place qu’ils se
sont octroyée dans la psyché contemporaine.
L’influence de ces esthétiques a pénétré nos
rêves intimes. Les cadres étriqués du mainstream
marchand ont façonné nos fantasmes jusqu’au reniement du vivant.
L’artiste n’a t’il pas la responsabilité
d’incarner une alternative ? Peut-il – comme le font certains - adopter la
posture arrogante d’un faux rebelle exhibant ses conquêtes, voyages, et
réalisations personnelles tels des trophées ?
C’est là une critique que je pourrais, aussi
bien, m’adresser à moi-même.
Pourquoi,
par exemple, se satisfaire d’avantager les physiques de personnes potentiellement
médiatiques ? N’est-ce pas le signe d’une adhésion à un contexte – celui
de la mode - où l’apparence et l’air du temps hiérarchisent les individus?
Il me faudrait, décidément, aller chercher la
vie au-delà de ce que pointe le spectacle.
Je sais, en disant cela, n’être ni
révolutionnaire, ni même subversif. Ce point de vue pourrait, à juste titre, être perçu comme une simple ramification de la mode, dont la vocation est justement de
tout récupérer pour se l’approprier et en nourrir le ventre avide de son
système.
Mais peu m’importent les critiques, et autres
opinions convenues. Ce que je souhaite faire, j’ai décidé de le concrétiser,
sans stratégie ni méfiance. C’est là ma volonté et la direction intuitive que j’ai choisi
de donner à ma vie.
Mon
prochain projet consistera en une immersion de quelques jours au cœur d’une
résidence abritant des femmes et hommes souffrant de lourds handicaps physiques.
Mon
objectif est de réaliser les portraits de celles et ceux, parmi eux, qui ont
accepté ma proposition de les photographier.
Le fruit
de cette série de rencontres sera, bien entendu, posté sur ce blog auquel il
donnera une nouvelle impulsion, plus radicale et humaniste.
HR