Ca recommence. L’indignation a regagné les esprits.
Une nouvelle attaque de l’armée israélienne à Gaza, et deux
camps se dressent à nouveau, les pours et les contres, les pros et les antis.
Il y a la guerre bien réelle, celle des armes qui déchirent
les corps, volent les âmes et pulvérisent tout ce qu’elles ciblent.
Et celle des opinions, de ceux qui s’affrontent loin des champs
de bataille, effrayés, choqués par le décompte des morts martelé par les médias, ou d’être
désignés comme bourreaux.
Ce qui pousse chacun de nous à faire un choix, trouver une
position : Pour ou contre ? Pro ou anti ?
Si j’ai décidé de me soustraire à ce type de débat, c’est que je
ressens intensément qu’à un niveau bien plus élevé que celui des médias,
perpétuer la guerre hors des frontières où elle sévit n’a pour seul effet que
de l’alimenter.
Car cette guerre fait rage en chacun de nous. C’est
peut-être dans cette direction-là qu’il faudrait regarder.
Cherchons l’Israélien. Non seulement le modéré, pacifiste humaniste,
qui revendique son droit légitime à l’autodéfense et considère les Arabes comme
ses frères. Mais aussi le belliqueux va-t-en guerre, l’extrémiste
religieux persuadé de son bon droit, car Dieu lui même en aurait décidé. Celui
dont la brutalité, le racisme et la xénophobie sont à l’exacte mesure de sa paranoïa.
Ce froid calculateur au projet messianique prédateur.
Cherchons le bien, car il est tapi en nous tous, prêt à surgir
à l’occasion.
Je l’ai trouvé et je l’ai vu, car je le reconnais en moi. Observons-le
attentivement et acceptons ce que nous sommes.
Et que dire du Gazaoui ? L’opprimé dominé, l’occupé
privé de ses droits, spolié de ses terres. La victime sacrifiée sur l’autel de
l’injustice. Celui qui revendique son aspiration à vivre décemment sur son territoire. Celui que l’on massacre ? Et ce stratège fanatique, alors, qui
nourrit une haine indescriptible, viscérale pour tous les juifs ? Cet
autre que ses croyances placent à la droite d’un « seul vrai prophète »
de plus. Cet extrémiste dont le but ultime est la vengeance par anéantissement de
son ennemi et voisin.
Le captez-vous ? Il est en vous, pourtant. Il est en
moi. Je le connais depuis des siècles.
Si l’on veut bien sentir, en tournant nos regards vers nos profondeurs,
il n’est rien en ce bas monde qui ne se joue aussi en nous.
Alors, c’est là, d’abord, qu’il faudrait faire la paix. Fournir
l’effort de comprendre que tant que nous nous identifierons à des clans, des
races, des nations, des croyances, que nous nous montrerons incapables de
dépasser nos conditionnements, nous ne ferons qu’alimenter l’énergie noire de
ce conflit, et d’autres, bien plus dévastateurs.
Alors indignons-nous, oui ! Indignons-nous de toutes
nos forces, mais faisons-le en conscience.
HR