Il arrive que l’on se passionne pour d’autres photographes,
plus jeunes, qu’on ait envie de les défendre et de leur souhaiter le meilleur.
Dans mon cas, dernièrement, c’est le travail de Elise Pinelli qui a retenu mon
attention.
J’ai rencontré Elise, il y a un an ou deux, et nous avons
parlé d’elle, de ses aspirations artistiques et de sa vie de femme.
Quelques temps après m’est apparu, sur les réseaux sociaux, ce
qu’elle nomme son Diary.
Compte tenu de la prolifération des démarches
photographiques s’appuyant sur l’autofiction, l’option du journal expose au
risque de la répétition et du déjà vu.
Mais Elise, c’est autre chose. Il y a de la densité dans son
regard (et ses textes, car elle accompagne ses séries de
commentaires poétiques).
Son travail respire une atmosphère singulière. Il décrit le
point de vue d’une jeune femme sillonnant le Paris contemporain. Celui que nous,
habitants de cette ville, croyons connaitre. Le chaos de ses rues, son métro
placardé de pubs, ses fêtes entre amis (leurs corps mouvementés ou enlacés), sa vie culturelle, tout y est enregistré avec l’empathie et la profondeur
d’une présence sensible.
De l’amour, une énergie communicative, un beau rapport à la
couleur, font des images brutes et sensuelles d’Elise, des plongées
réjouissantes dans l’univers quotidien d’une artiste éveillée.
On s’y promène, comme dans sa tête et son corps, captivés
par l’acuité nerveuse de ses coups de flash, ses jeux de reflets, ses cadrages
et contrejours utilisés avec un sens raffiné du bizarre.
Ses photos décrivent une fiction urbaine et mystique qui
laisse affleurer bien plus qu’un simple contenu visuel, une authentique charge
vibratoire.
Longue vie au journal d’Elise P, qui nous fait visiter Paris
comme une ville étrangère, habitée de fantômes et animée de présences humaines
extraordinairement vivantes.
C’est beau, spontané et emprunt d’un talent véritable.
Pour toutes ces raisons, j'ai eu envie d'inviter Elise sur ce site
du mercredi 25 mars au mercredi 1er avril. Et nous allons dialoguer
en image et en texte, pour notre plaisir et celui de celles et ceux qui veulent
voir et sentir.
HR