Photo d'écran de cinéma |
L’étreinte du serpent (une
coproduction colombienne, argentine et vénézuélienne), réalisé par Ciro Guerra,
est un film singulier.
Son décor, la forêt amazonienne, n’était pas
apparu sur les écrans cinématographiques, à ma connaissance, depuis la
confrontation épique qui avait opposé Klaus Kinski et Werner Herzog, lors des
tournages de Aguirre ou la colère de Dieu (1972) et Fitzcarraldo
(1982).
Son sujet, un dangereux voyage à travers une
jungle hantée des démons d'un colonialisme féroce et de la déchéance de peuples
indiens en voie d’extinction, m’a touché tout particulièrement.
Ce parcours hypnotique, où se mélangent époques
et personnages nous conduit, dans le sillage d’un chamane irascible, aux fins fonds de contrées terrestres ignorées de nos guides touristiques.
Il nous pénètre tel un rêve qui mène nos
esprits entre extase et cauchemar, des rives d’un fleuve imprévisible, au
sommet hallucinatoire du sanctuaire montagneux d’une plante magique.
J’ai trouvé pertinent, à notre époque de
désillusion néo libérale et de repli identitaire, de rappeler au public ce que le rouleau compresseur impérialiste a balayé de la vie de ces peuples. Et des trésors de savoirs dont il a privés
ceux, parmi nous, qui sentent la nécessité de communier avec la nature et d'élever leurs consciences.
Je me réjouis, en ce qui me concerne, de voir
se déployer d’autres imaginaires. D’entendre de ces voix surgies de la marge du
réel qui nous est imposé.
L’étreinte du serpent est une aventure, belle et poignante, dont le mystère agit avec la force d’un conte philosophique
ou d’une légende initiatique.
A voir, à mon avis, de toute urgence!
HR