J’ai trouvé
récemment sur facebook :
The Seduced Human - Jørgen Leth and Haiti. A film by Truls Lie
posté par la photographe et réalisatrice Chantal Regnault (qui apparaît
elle-même dans ce documentaire).
J’y ai découvert
la personnalité de Jørgen Leth. J’avais vu son célèbre film montrant Andy
Warhol mangeant un hamburger, mais ignorais tout du reste de son œuvre.
Le premier plan du
documentaire m’a renvoyé à mon plus récent voyage en Haïti (en octobre 2011), car
j’y ai immédiatement reconnu une arrière cour de Jacmel que j’avais alors photographiée.
Au milieu d’un
espace dévasté par le terrible tremblement de terre de janvier 2010, j’avais découvert une petite piscine, longiligne et peu profonde. L’endroit avait
frappé mon imagination. Je m’étais senti happé par son atmosphère étrange. Je
savais être dans l’ancienne demeure d’un Consul danois, mais étais loin de me
douter que cet homme, Jørgen Leth, était aussi un cinéaste de renom, dont le destin avait
basculé avec celui d’Haïti.
Le réalisateur du
documentaire a choisi cette petite piscine comme élément central du décor de son portrait de Leth.
C’était le lieu où
ce dernier noyait ses tourments. Il s’y plongeait pour calmer ses fréquents accès dépressifs.
Le documentaire le montre évoluant dans la propriété, aujourd’hui presque entièrement disparue, qui
entourait ce bassin.
J’avais été
littéralement aimanté par cet endroit sans être tout à fait conscient de l'ampleur de la tragédie qui s'y était joué, un an auparavant.
Le drame de la dévastation de la demeure d’un homme et du pays qu’il s’était
choisi. Suivi de son retour contraint vers sa terre natale, le Danemark, où il
présenta son dernier film tourné, principalement, dans cette maison.
Après le
visionnage de ce documentaire, mes photos de la piscine me sont apparues sous un jour
nouveau. Je pouvais y deviner le fantôme de Leth brassant l’eau calme en direction
de sa destinée.
HR